Rouen capitale de la Culture 2028, c’est l’objectif !
Nos étudiants ont travaillé pendant 10 jours sur la Ville à Hauteur d’Enfants en utilisant la technique du nudge lors du Challenge Back To School.
Thomas et Sophie revienne sur le challenge :
Thomas et Sophie, pouvez-vous vous présenter ?
Thomas Malgras, je suis conservateur du patrimoine et historien de formation. Après une première partie de carrière dans la valorisation du patrimoine architectural, je travaille depuis plusieurs années au pilotage de grands projets culturels. Je travaille depuis l'été 2019 à la candidature de Rouen au titre de Capitale Européenne de la Culture.
Sophie Noël, je pilote depuis bientôt 20 ans des politiques publiques au sein de collectivités territoriales, notamment dans le champ de la culture, de l’éducation ou de la vie associative. Je coordonne le réseau des acteurs et les écosystèmes autour de ces thématiques, et leur inscription dans un territoire bien spécifique, celui de la ville de Rouen.
Rouen Capitale Européenne de la Culture, comment s’organise une telle candidature ?
Thomas : C'est un projet de très longue haleine, qui s'inscrit dans une logique de transformation du territoire sur une très longue durée qui dépasse même l'horizon de l'année événement (2028). Il faut donc travailler méthodiquement et étape par étape. En ce début de projet, on s'attache surtout à essayer de comprendre le territoire à en faire émerger les singularités à creuser des axes de travail et des thématiques fortes qui sauront faire de notre candidature, une candidature à part. On ne s'attachera aux enjeux purement artistiques que beaucoup plus tard.
Sophie : L’enjeu va être de mobiliser l’ensemble des personnes qui pourront être concernées par cette candidature, au moment le plus opportun. De nombreux acteurs et actrices vont être impliqués : associations, entrepreneurs, artistes, acteurs culturels, mais aussi tout citoyen qui aura envie de participer à cette aventure collective. Notre mission va être de susciter l’envie au bon moment et de la maintenir tout au long de la candidature.
Comment s’est déroulée la rencontre avec l’ISCOM et l’organisation du Challenge ?
Thomas : Nous travaillons avec Sophie depuis le tout début, les enjeux de politique culturelle portée par la Ville de Rouen nourrissant naturellement le projet dont je m'occupe. Quand Sophie m'a proposé d'associer les étudiants de l'ISCOM à la démarche CeC, cela m'a paru très pertinent. Ce sont eux les futurs professionnels qui porteront la transformation du territoire, nous, nous ne serons peut-être plus là pour la voir accomplie !
Sophie : Je travaille avec Emmanuel Raillard, intervenant à l’ISCOM, depuis plusieurs années, il a même été mon enseignant à Sciences-Po Paris ! Nous partageons régulièrement ensemble sur les techniques autour du design, notamment le Design Thinking. Quand il m’a parlé avec Juliette Lebourg du challenge Back to School autour du Nudge, il m’a semblé évident que pour répondre au défi que représente la Capitale européenne de la Culture, mobiliser la réflexion de 200 étudiants serait une opportunité exceptionnelle !
Quels étaient vos besoins ?
Thomas : Nous voulions essayer de traduire une première intuition autour du concept de "Ville des enfants". S'attacher à souligner à quel point la Ville aujourd'hui dans toutes ses composantes (espace public, mobilités, accessibilité, et même culture...) était rarement conçue pour faciliter l'autonomie et l'épanouissement des enfants. La ville se fait bien souvent sans eux et ne s'intéresse à eux qu'une fois qu'ils sont devenus adultes. on ne mise pas assez sur leur intelligence, leur capacité d'adaptation et leur créativité, dont nous aurions pourtant beaucoup à apprendre.
Sophie : Nous avions besoin de lancer une première réflexion, et d’entendre des propositions venues d’horizons différents, autour de la ville à hauteur d’enfants. Comment penser la Ville, son aménagement, son offre culturelle, en impliquant dès maintenant les enfants ? Les enfants qui ont 10 ans aujourd’hui en auront 18 en 2028, et seront, nous l’espérons, les premiers participants à la Capitale européenne de la Culture. Il faut qu’on puisse la construire avec eux.
Pouvez-vous nous expliquer les différentes thématiques sur lesquelles ont travaillé les étudiants ?
Les différentes thématiques proposées aux étudiantes et étudiants étaient les suivantes :
- Signalétique d’un trajet domicile-école à pied
Objectif : favoriser l’autonomie progressive des enfants de primaire (cycle3 / 9-11 ans), grâce à une signalétique intuitive, leur permettant de se rendre seuls de chez eux à l’école le matin, en toute sécurité et de manière rassurante pour les parents.
- Appropriation et visibilité des établissements culturels
Objectif : la plupart des établissements culturels municipaux ou métropolitains disposent d’une offre jeune publique très développée, mais qui est rarement visible ou appréhendable directement par les enfants et leurs familles depuis l’espace public. Comment y remédier, en intervenant directement dans les espaces d’accueil et dans l’espace public attenant à ces établissements ?
- Médiation adaptée autour d’un parcours d’art contemporain dans l’espace public
Objectif : Depuis près de 10 ans, « Rouen impressionnée » accompagne le festival Normandie impressionniste par une programmation d’œuvres plastiques dans l’espace public. L’idée serait de permettre aux enfants de disposer des clés de lecture de ces œuvres grâce à un parcours et à une interprétation/médiation in situ.
- Les déplacements quotidiens à vélo à la pré-adolescence
Objectif : si tous les enfants (ou presque) savent faire du vélo arrivés au collège, peu d’entre eux l’utilisent comme mode de déplacement quotidien. Le projet vise à imaginer comment accompagner cette pratique entre les différents temps et lieux de leur vie d’ado : domicile / collège / loisirs / pratique artistique / sport.
- Quais de Seine
Objectif : Les quais de Seine rive-gauche accueillent depuis leur récent réaménagement de nouveaux espaces publics : terrains de sport et de fitness, espaces verts et de pique-nique, pistes cyclables…. Pour autant peu de famille avec de jeunes enfants les emprunte, par crainte semble-t-il du risque de chute dans la Seine attenante. Comment rassurer les familles sur ce point, tout en favorisant l’autonomie et la sécurité des enfants en bord de Seine ?
Afin d’aider les étudiants dans leurs réflexion mais aussi d’adapter au mieux leurs projets à la cible (enfants), ils sont directement allé dans les écoles à leur rencontre, quels ont été les retours des professeurs et des enfants ?
Thomas : Comme toujours quand on sollicite les enseignants et qu'on vient directement au contact des enfants pour co-construire les projets avec eux, ils sont rarement en reste.
Sophie : Les enseignants et les enfants étaient ravis, ils ont vraiment pu s’exprimer et certains vont même engager une réflexion qu’ils vont poursuivre pendant l’année. Une enseignante veut ainsi s’inspirer des techniques du Nudge pour aménager la cour de récréation, et une autre a envie de travailler à des supports de médiation de Rouen impressionnée conçus par ses élèves. C’est cela qui nous intéressait aussi beaucoup dans le challenge : initier des démarches, lancer des sujets de réflexion, émettre des hypothèses, donner des envies, qui vont se réaliser dans le futur.
Les soutenances ont eu lieu au bout de 7 jours de travail, comment avez-vous fait votre choix entre les différentes propositions des étudiants ?
Thomas : Beaucoup de critères sont entrés en ligne de compte et je pense varient selon la sensibilité de chaque juré. Pour moi la qualité de présentation et la force de conviction et de persuasion est très importante :Quand on porte des projets, on doit y croire et le faire ressentir à ses partenaires. Certains projets que je trouvais très originaux pendant la semaine ne sont pas assez ressortis lors des présentations, d'autres que je n'avais pas identifiés comme de potentiels lauréat m'ont bluffé en présentation. J'ai aussi été très sensible, grâce à la chance que nous avons eu de les voir avancer pendant 7 jours, à la notion de progrès et d'adaptabilité des groupes tout au long du challenge : le chemin parcouru a souvent pour moi plus de valeur que la destination atteinte.
Sophie : Le choix a parfois été rude, les débats un peu longs. Le partage d’une émotion, d’une sensibilité ont été déterminants dans mes choix lors du jury final. J’ai été globalement bluffée pendant la semaine par l’implication et la réactivité des étudiant.e.s, à la fois dans la compréhension des sujets comme dans la créativité développée pour répondre aux questions posées.
Quel est la finalité du Challenge ? Vous allez mettre en place certains projets ?
Thomas : C'est davantage du ressort de la Ville que du mien, mais oui c'est l'idée. Traduire ce challenge par une mise en place réelle donne du corps à tout ce travail effectué.
Sophie : Oui, nous travaillons aujourd’hui avec deux groupes pour rendre réelles les propositions. Nous attendons avec impatience le moment de pouvoir les dévoiler granduer nature !