Dans le cadre de la préparation et de la mise en œuvre des ateliers qui seront proposés dès la rentrée aux étudiants d’ISCOM à Rennes, nous avons eu la chance de rencontrer Sarah Ouagueni, à l’initiative d’un atelier média auprès d’un jeune public. Cette rencontre fut l’occasion d’échanger et d’évoquer avec elle cet accompagnement dans la découverte et la compréhension des Médias auprès des nouvelles générations.
Télécharger la documentation pour en savoir plus sur ISCOM
INTERVIEW
Pouvez-vous nous présenter votre projet de classe média ?
Depuis le début de l’année nous avons décidé de créer cette classe « média » au sein d’une classe de jeunes, en leur proposant de s’impliquer dans la réalisation de trois émissions de radio en partenariat avec une radio locale.
Les élèves sont totalement libres dans l’élaboration de ces émissions. Ils définissent eux-mêmes la ligne éditoriale, le ton de l’émission, les sujets abordés, les prises de contacts avec les sources d’info, etc. … Cette liberté d’action a permis aux élèves de se responsabiliser et de s’impliquer activement dans le projet, et pour certains de se découvrir un vif intérêt pour le monde des médias et du journalisme.
L’objectif est la transmission de la passion de l’info. C’est aussi les aider à mieux comprendre le fonctionnement des médias, cela est d’autant plus important face aux flux d’informations auxquels ces jeunes peuvent être confrontés, notamment via les réseaux sociaux, qui représentent leur principale source d’information.
Cette nouvelle génération fait évoluer les codes que nous avons pu connaître par le passé. Que ce soit par les canaux de communication, que dans le contenu, mais aussi dans l’appréhension des informations.
Il est important de contribuer, par le biais de l’école à une meilleure vision des médias traditionnels mais aussi leur faire comprendre comment fonctionne le monde des médias et du journalisme.
Comment s’organisent ces séances ?
Une ou deux heures sont souvent dédiées au projet en plus des cours obligatoires. Tout au long de l’année les autres matières font également référence à cette classe média. Par exemple en mathématique, enseigner les formules de calculs utilisées dans les sondages, …
Il n’y a plus ce rapport d’enseignant-apprenant. Notre rôle n’est pas de leur donner une ligne définie mais de leur donner des directions vers lesquelles orienter leurs travaux.
Ce n’est pas une heure où ils sont assis sur une chaise. Ils ont le droit de parler librement ou d’effectuer des recherches, se réunissent en conférence de rédaction, rédigent des chroniques, définissent les sujets des débats. Ils fabriquent leur émission de A à Z autant sur des sujets de sociétés que sur des événements locaux.
Nous organisons également un Atelier de Fact Checking. Une liste d’informations est présentée aux élèves qui doivent checker lesquelles sont vrais et lesquelles sont fausses.
Il y a tous types d’informations dont certaines sur leur établissement qui vont les amener à aller directement interroger le personnel de l’école.
Les réseaux sociaux représentent les nouveaux canaux de l’info, comment cette nouvelle relation entre jeunes et média s’opère-t-elle ?
Il s’agit de faire comprendre à nos jeunes comment s’informer. L’intérêt n’est pas d’apprendre à informer mais de les guider, les orienter, les accompagner dans cette compréhension d’un domaine qui leur parait de plus en plus éloigné de leur réalité. Comment faire la différence entre des médias institutionnels et des médias qui peuvent sortir de n’importe quel compte twitter ? Comment définir la fiabilité d’une source ? ect …
Nous avons organisé des rencontres avec des journalistes qui sont venus leur expliquer leur métier et son fonctionnement. Il est important pour eux de comprendre la déontologie de ce métier pour mieux décrypter les sources et la fiabilité des informations. Ces échanges sont d’autant plus intéressants que cela permet aussi à ces journalistes de mettre leurs certitudes en question et de mesurer les évolutions de cette génération dans sa façon de se renseigner et de traiter l’info.
Quels sont les enjeux de la classe Média ?
Comprendre le monde qui les entoure. Leur donner la parole.
Leur apprendre à travailler des compétences qu’ils n’ont pas eu l’habitude d’exploiter, comme leur expression orale. Cet atelier leur permet également de développer leur curiosité, s’intéresser au monde qui les entourent et le comprendre, et avoir cette opportunité de s’exprimer, de faire passer des messages forts et d’être écoutés.
L’école Sevigné est un établissement classé REP, dans une région ou les stéréotypes sont tenaces. Cette classe média est l’occasion de jouer un rôle et de prendre la parole pour dépasser ces stéréotypes sur leur ville et leur région.
Cet atelier leur apporte le sentiment d’être valorisé en apprenant de nouvelles choses qui leur étaient complétement inconnues. Cette valorisation on la retrouve dans le rôle de prescripteur qu’ils jouent maintenant auprès des autres élèves.
Inscrivez-vous pour en apprendre plus sur les médias
Quel conseil donnez-vous pour évoluer sur leur vision des médias et des nouveaux canaux ?
Je leur dirais de CRÉER.
Qu’ils identifient ce qu’ils cherchent comme information et comment ils la consomment. Ils doivent imaginer et créer le média parfait, qui selon eux, sera le média de demain.
C’est dans cette voie que la vision des médias continuera d’évoluer et de s’adapter à la demande et à la consommation d’informations des générations à venir.
Fort de cette rencontre enrichissante, les étudiants pourront retrouver cet atelier dès la rentrée au sein d’ISCOM à Rennes.
Sarah Ouagueni est professeure d’histoire Géographie au Collège Sévigné à Roubaix depuis 2019. Cette enseignante officie en classes à PEM (projet d’éducation aux médias) plus couramment appelées classes « médias », nouveau projet scolaire dont le but est de développer leurs connaissances du domaine des médias et de l’information. Elle fut également intervenante lors des conférences du festival « Nos futurs » à Rennes en mars derniers « Nos Futurs » Les Champs Libres ont ouvert leurs portes à la jeunesse pour l’événement Nos futurs. À l’invitation des Champs Libres et du journal Le Monde, des lycéens, étudiants et jeunes actifs ont eu carte blanche pour organiser un événement autour de la question fil rouge de cette première édition : quelle société durable et soucieuse du vivant pouvons-nous construire ensemble ?