Laurence Gosse, Directrice scientifique de la spécialisation Influence et réputation à ISCOM Paris
Avril 2022
L’Engagement des Jeunes : Une Mutation à l’ère du Digital
Laurence Gosse, Directrice scientifique de la spécialisation Influence et Réputation à l’ISCOM Paris, explore la question complexe de l’engagement des 18-30 ans. Au cœur de son analyse, l'évolution des formes d'engagement, influencées par les réseaux sociaux et les parcours individuels, mais aussi par les attentes sociétales envers cette génération.
Une génération attendue au tournant
Les jeunes générations portent depuis toujours les espoirs d’un avenir meilleur. Aujourd'hui, face aux enjeux urgents comme le climat, l'égalité ou les discriminations, ils sont appelés à prendre le relais des luttes inachevées de leurs aînés. Pourtant, leur engagement semble plus hétérogène et individualisé que jamais, défiant les modèles traditionnels de militantisme collectif.
Du collectif à la communauté : une révolution numérique
Le digital a profondément transformé les formes d’engagement. Contrairement aux mobilisations de rue bruyantes et visibles des générations passées, la "génération hashtag" agit souvent dans l'espace numérique, où un like, un commentaire, ou un partage deviennent des actes significatifs. Cette dynamique est bien illustrée par des mouvements comme #MeToo, où des récits personnels convergent pour créer une communauté engagée.
"Les jeunes d'aujourd'hui veulent exister individuellement pour le collectif et non par le collectif."
– Laurence Gosse
Ils s'identifient davantage à des causes qui résonnent avec leur propre histoire. Chaque expérience personnelle partagée sur les réseaux devient un outil d'influence, participant à une action collective sans dépendre des structures institutionnelles ou des discours imposés.
Une diversité d’engagements
L’engagement des jeunes ne peut plus être réduit à une seule définition. Militantisme, mobilisation sociale, bénévolat, ou encore implication professionnelle, leurs formes d’action varient selon les contextes et les trajectoires individuelles. Cette génération, complexe et plurielle, refuse les étiquettes simplistes.
"Analyser l'engagement des jeunes nécessite de reconnaître la richesse et l’hétérogénéité de leurs parcours."
– Laurence Gosse
Dépasser le digital : vers une action concrète
Cependant, la question reste : cette génération peut-elle s’affranchir d’un engagement limité au digital ? L’implication réelle, sur le terrain, reste essentielle face aux défis professionnels et sociétaux. Comme dans un match de tennis, l’engagement est "le premier coup à jouer", celui qui amorce un véritable mouvement.
Le rôle des entreprises et des institutions
Pour Laurence Gosse, l’enjeu est d’accompagner les jeunes dans leur quête de sens, en leur permettant de dépasser une certaine passivité ambiante. Leur engagement, qu'il soit professionnel ou citoyen, ne doit pas seulement être une réponse aux attentes extérieures, mais une expression de leurs propres convictions.
L’ISCOM, à travers son laboratoire de recherche appliquée sur l’engagement, œuvre à éclairer ces dynamiques complexes et à préparer les jeunes à agir pour faire bouger les lignes, non seulement dans le digital, mais dans la réalité.
"S’engager, c’est trouver son chemin vers la liberté, par l’affirmation de ses convictions et le courage de passer à l’action."
– Laurence Gosse
Un engagement en constante redéfinition
L’engagement des jeunes d’aujourd’hui est une force en mutation. S’il s’éloigne des modèles classiques, il reste porteur d’un immense potentiel pour relever les défis du futur. Le rôle des éducateurs, des entreprises, et des institutions est de canaliser cette énergie pour qu'elle dépasse le virtuel et se traduise en actions concrètes.
L'engagement n'est pas un sprint, mais une quête personnelle et collective, qui, bien orientée, peut façonner un monde meilleur. À l’ISCOM, nous croyons en leur capacité à construire cet avenir.
L’article a apparu le 4 avril 2022 dans le Monde des Grandes Écoles et des Universités
